Le quatrième anniversaire du séisme dévastateur du 12 janvier 2010 a été marqué par des appels à la reconstruction de la nation. Sur le Champs de Mars, au cœur de Port-au-Prince, les leaders religieux et le Président de la République ont prêché l’unité au sein de la famille haïtienne, lors d’une cérémonie œcuménique en mémoire des disparus de la catastrophe.
« Cette cérémonie constitue un devoir de mémoire ». Ces mots, du représentant de l’Eglise épiscopale anglicane Mgr. Ogé Beauvoir, ont résonné ce dimanche 12 janvier 2014 parmi des milliers de personnes, pour la plupart vêtues de blanc, rassemblées sur la plus grande place publique du pays.
Un devoir de mémoire afin de reconstruire la nation dans l’unité. La représentante du secteur vodou, la Mambo (prêtresse dans la religion Vodou) Euvonie Georges Auguste a, en effet, plaidé en faveur de l’unité au sein de la famille haïtienne. « Nos ancêtres ne nous ont pas légué cette terre pour qu’il y ait guerre entre les descendants de Dessalines et de Pétion », a t’elle insisté, faisant allusion aux héros de l’Indépendance haïtienne.
Du haut de la tribune érigée pour l’occasion sur le Champs de Mars, le Président de la République Michel Martelly a rappelé que pendant les « 35 secondes » fatales qu’a duré le séisme, « il n’y avait ni hommes, ni femmes, ni mulâtres, ni noirs, ni riches, ni pauvres… tout le monde était en larmes ». Tous étaient unis dans la douleur.
« Haïti est un pays de solidarité, un pays d’hommes et de femmes courageux et un pays de fierté. Et c’est au nom de la solidarité, du courage et de la fierté qui sont les marques de fabrique du peuple haïtien (…) qu’aujourd’hui, le 12 janvier 2014, nous choisissons de célébrer la vie », a poursuivi le Chef de l’Etat.
« Célébrons la vie, c’est mon mot d’ordre pour que nous puissions faire face aux grands défis » comme la relocalisation des personnes vivant sous les tentes, la reconstruction parasismique, l’accompagnement des personnes handicapées, la relance de l’économie et la création d’emplois, a précisé le Président.
« Avec le peu de moyen dont nous nous disposons, nous avancerons dans la reconstruction du pays », a fait savoir M. Martelly qui a toutefois remercié la communauté internationale pour sa solidarité envers le peuple haïtien et cité comme exemple le fait que « la majorité des personnes vivant sous les tentes ont été relogées dans leur maison ».
La famille des Nations Unies se souvient aussi du 12 janvier 2010
Lors d’une cérémonie intime au Siège de la MINUSTAH à Port-au-Prince, vendredi 10 janvier, les Nations Unies ont aussi témoigné leur attachement aux 102 personnels de l’Organisation disparus lors du séisme et au peuple haïtien dans son ensemble.
S’adressant aux familles de celles et ceux qui ont laissé « une empreinte indélébile dans nos cœurs » et au personnel des Nations Unies présents pour l’occasion, la Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU en Haïti, Sandra Honoré, a salué les efforts de tous ceux qui restent « engagés afin de contribuer à une Haïti plus forte et plus stable ».
« Je constate depuis mon arrivée à la tête de la Mission le courage et la détermination des employés nationaux et internationaux, ainsi que des membres de l’équipe pays, et des Volontaires des Nations Unies, à construire un avenir meilleur pour le pays et pour sa jeunesse », a dit la Chef de la MINUSTAH.
Mme Honoré a aussi lu un message du Secrétaire général des Nations Unies dans lequel il a appelé la communauté internationale à se tenir « aux côtés d’Haïti à un moment où le pays en a cruellement besoin ».
« Nous devons redoubler d’efforts pour aider Haïti à bâtir un avenir plus stable et plus prospère pour tous les Haïtiens. Renouvelons aujourd’hui notre engagement à poursuivre le rêve de nos collègues disparus pour faire en sorte que tous les Haïtiens vivent dans la dignité », a souligné Ban Ki-moon dans son message.
Organisée en présence des représentants du gouvernement, du Parlement, de la société civile et de la communauté internationale, dont la Chef de la MINUSTAH, la cérémonie œcuménique du 12 janvier 2014 a pris fin avec un lâcher d’une centaine de ballons en mémoire des plus de 200 000 victimes du séisme. Juste avant cela, une minute de silence à 16 heures 53 minutes, a marqué l’heure même où le cataclysme a frappé le pays.
Jonas Laurince / Sophie Boudre