4 ans après le séisme, la reconstruction des zones affectées se poursuit mais les nombreux défis structurels ainsi que les régulières catastrophes naturelles qui frappent l'île compromettent son développement.
Les avancées de la reconstruction
Quatre ans après le séisme, 89% des 1,5 millions de personnes déplacées ont quitté les camps. 145 000 personnes, soit 29 000 familles, vivent toujours dans 306 sites. Vivre dans les camps augmente la vulnérabilité à de nombreux risques : violences (violences sexuelles, vols...), sanitaires (choléra, maladies respiratoires...) et risques naturels (ouragans, fortes pluies...). 77 564 de ces personnes, soit 20 671 familles, font aujourd'hui face à des menaces d'expulsions forcées.
Pour aider les familles des camps, CARE intervient depuis 3 ans dans le quartier le plus affecté par le séisme, Carrefour. Nos équipes ont soutenu 300 propriétaires de maisons à accueillir gratuitement une famille des camps durant un an, en échange d'un soutien technique et financier pour la réhabilitation de leur habitation. Cela leur permet de reconstruire les bâtiments en respectant les nouvelles règles antisismiques et anticycloniques édictées par le gouvernement. La famille accueillie retrouve des conditions de vie décentes et bénéficie d'un soutien financier et de formations pour la création d'activités génératrices de revenus. D'ici août 2014, nous aurons aidé 2500 personnes supplémentaires. Les camps ciblés sont fermés et nous travaillons avec les propriétaires et les communautés voisines au sujet de l'utilisation de ces espaces libérés. Ce projet repose sur l'idée que le processus de reconstruction est plus à même de réussir s'il est mené par la communauté.
« Le contexte haïtien est compliqué. Les cadastres inexistants ou manquants sont un sérieux problème. Plusieurs familles peuvent disposer d'un titre de propriété pour une même maison. Les ONG et les autorités ont très souvent du mal à s'y retrouver. Il faut également mettre les choses en perspective. La reconstruction, même dans un pays riche, prend du temps. Au Japon, les dernières familles n'ont quitté les centres d'évacuation que 2 ans après le tsunami de 2011 », explique Philippe Lévêque, directeur de CARE France.
Haïti ne doit pas devenir une crise oubliée
D'importants progrès ont été réalisés ces dernières années mais les nombreuses catastrophes naturelles qui frappent l'île fragilisent sans cesse les conditions de vie des populations. 600 000 personnes sont aujourd'hui en condition d'insécurité alimentaire sévère, dont 206 000 qui ont besoin d'une assistance d'urgence. En 2013, CARE a aidé 25 000 personnes grâce à un système de coupons alimentaires électroniques qui soutient également les structures économiques locales déjà existantes : les producteurs et les commerçants.
« Au delà de la reconstruction post-séisme, il faut prendre en compte le long terme. Il est essentiel d'appuyer le renforcement des capacités locales pour renforcer la résilience des communautés aux catastrophes naturelles et contrer les fragilités structurelles du pays : faiblesse de la gouvernance, centralisation des moyens économiques dans la capitale, économie basée sur une agriculture de subsistance particulièrement vulnérable aux catastrophes climatiques », déclare Philippe Lévêque. La baisse massive des financements risque cependant de compromettre la réalisation de cette vision à long terme.
« En 2012, la communauté internationale a donné 1,1 milliard de dollars pour aider Haïti, en 2013 seuls 64 millions de dollars furent versés, ce représente moins de 50% des besoins humanitaires identifiés », alerte Philippe Lévêque.